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mardi 28 août 2012

Diatar : Une bataille intercommunautaire fait 7 blessés


A Diatar worgo (Sénégal), une histoire de caste dégénère en bataille rangée faisant 7 blessés tous de nationalité mauritanienne dont une femme en état de grossesse venus du village de Diatar Réo (Brakna/mouqata’a de Boghé, Arrondissement de Dar El Barka). Tout est parti d’une rencontre organisée à Diatar Worgo samedi par les membres de l’Association des « Sebbés » de cette localité du département de Podor qui ne reconnaissent pas l’autorité du chef de village installé par l’administration locale représentée par le Sous-préfet. C’est pour marquer cette opposition que ces « sebbés » décident de mettre en place une structure indépendante et invitent à ce conclave d’autres membres de leur communauté des deux rives du fleuve Sénégal.
Ainsi, des centaines de membres de cette communauté venus du village voisin de Diatar Réo (rive droite) ont franchi le fleuve pour répondre à l’invitation de leurs frères siamois. Mais des jeunes appartenant à la communauté « Torodo » y opposèrent un refus catégorique. Une rixe oppose les deux parties causant des blessés : Ibrahima Mamadou Asta Ly et son épouse Hawo Amadou Gaye, Kadia Mansour Dia, Koursoum Mamadou Diop (en état de grossesse avancée) ont été grièvement atteints. Ils ont été évacués immédiatement à l’Hôpital de Ndioum.
Aussitôt, des gendarmes mauritaniens se sont déployés à Diatar Réo pour prévenir tout débordement sur la rive droite. Quant à leurs collègues sénégalais, ils ont procédé à des arrestations dans les rangs des parties protagonistes. Le chef de village de Diatar Worgo, Ibra Aïssata Sy fait partie des personnes interpellées. Il aurait alerté les autorités administratives sur les risques de violences qui pourraient naître de cette rencontre. L’enquête se poursuit en ce moment même à la brigade de gendarmerie de Podor. Pendant ce temps à Diatar Réo, les « Torobbés » accusent leurs compatriotes « sebbés » qui étaient partis répondre à l’invitation, de possession d’armes à feu. Le capitaine Camara, commandant de la compagnie de gendarmerie et des éléments de la brigade de Dar El Barka se sont rendus sur les lieux pour faire la lumière sur ces douloureux évènements.
Ce conflit de caste n’est pas le premier du genre dans cette contrée du Toro où depuis 1986, la communauté des « sebbés », naguère considérée comme des « gallunkoobés » par leurs voisins « torobbés » décide de s’unir autour d’une structure inter villageoise pour défendre leurs droits. Ce qui n’a pas manqué de créer un climat de tension entre les deux communautés unis pourtant par l’histoire, la géographie, la langue et la culture. « Les défis qui nous interpellent sont plus importants que ces dissensions familiales », explique Nazirou Thiam, facilitateur de l’ONG Tostan, également natif de Diatar Réo.
Dia Abdoulaye

mercredi 25 juillet 2012

Foyer Saint-Just : "J'ai honte de rentrer au pays avant de réaliser mon rêve"


Il est 12 heures. Sur le portail du foyer des migrants africains de la rue Saint-Just, dans le 17e arrondissement de Paris, on observe en cette journée ensoleillée de juillet des va-et-vient entrecoupés d'échanges de salutations en langues africaines (Bambara, Peul, Wolof, Soninké) sous un décor qui rappelle les rues de Bamako ou celles de Dakar. Là, quelques jeunes sans-papiers pour la plupart, sont assis devant leurs étalages. Plus loin, à l'intérieur, d'autres dégustent des plats africains (Thiebou Jën, Mafé, Yassa) dans un brouhaha.

Boubacar explique
Boubacar Cissoko, la trentaine passée, est un Malien établi en France depuis 1998 après un séjour de plus de 10 ans en Côte d'Ivoire. En attendant une régularisation qui tarde à venir, Boubacar exerce un petit commerce de détail (jus, bonbons, sucre, dattes, cigarettes, cola, arachides etc.). Il nous livre ses impressions :

De nombreux jeunes comme Boubacar vivent dans cet immeuble en attendant des lendemains meilleurs. Ils bénéficient de l’accompagnement social de l’Association Coallia, ex-AFTAM (Accueil et formation des travailleurs africains et malgaches) dont le slogan « Pour l’insertion, vers l’autonomie » évoque la préoccupation majeure de ces personnes vulnérables. 

Problème de régularisation
Outre la précarité des conditions d’hébergement, ces jeunes immigrés africains se sentent souvent ignorés ou méconnus des habitants des environs et éprouvent d’énormes difficultés pour régulariser leur situation. « Nous n’avons pas encore trouvé de papiers, ce refrain est entonné par la plupart d’entre eux en raison du durcissement des conditions d’accueil et de séjour des étrangers non-européens en France.

Or, ces « papiers » tant attendus ouvrent les portes du boulot donc du bien-être social. En effet, ils aspirent à une vie digne avec l’espoir de recueillir suffisamment de revenus pour pouvoir participer au développement de leurs localités. « C’est une honte pour moi de rentrer au pays sans réaliser ce rêve », explique un jeune sénégalais.
Vie communautaire
L’habitat constitué en dortoirs ou chambres individuelles exigües en dit long sur les conditions de vie de ces jeunes migrants qui ont fui le chômage et la misère pour un eldorado encore imaginaire. La plupart occupent les chambres de leurs aînés, anciens travailleurs migrants rentrés au pays. Ils vivent en communauté, recréant du coup leur mode de vie africain, mangent leur cuisine traditionnelle, pratiquent la religion musulmane et discutent autour d’un café ou d’un verre de thé à la menthe. 

Ces foyers, qui abritent des travailleurs migrants, sont des logements sociaux construits en France dans les années 50 pour héberger principalement les Maghrébins et les Africains du Sud du Sahara. Héritiers de la politique de logement philanthropique des travailleurs isolés, les foyers ont servi de mode de logement privilégié pour ces étrangers qui vivent dans la précarité. 

L'intégration des migrants
Celui de Saint-Just avait été construit 1965 pour accueillir des jeunes délinquants avant d'être rénové en 1983 pour devenir un foyer de migrants. Il laisse place aujourd’hui à une « résidence sociale » où vivent 167 résidents officiels avec des chambres de 2 à 3 lits, qui accueillent parfois plus de personnes. La plupart sont des jeunes venus essentiellement du Mali mais aussi du Sénégal, de la Mauritanie, de la Côte d’Ivoire et de quelques pays du Maghreb.

Ils hébergent aujourd’hui une clientèle très diversifiée, comportant même quelques Français. Ces établissements sont aujourd'hui aussi subventionnés par l’Etat et ses démembrements pour favoriser l'intégration des résidents par l'offre d'un logement et d'un « accompagnement social » souvent insatisfaisant. Mais leur adaptation à cette nouvelle mission est difficile : beaucoup sont vétustes et insalubres, dans l'attente de réhabilitation, tandis que des conflits opposent encore régulièrement clients et gestionnaires.
  

Malgré leur situation de précarité, les jeunes migrants de la résidence sociale de la Rue Saint-Just continuent de garder espoir et de croire à l’amélioration de leurs conditions de vie. « Avec l’aide de Dieu, j’obtiendrai peut-être un jour mes papiers pour enfin réaliser mon rêve : rentrer au pays après plus d’une décennie d’exil en France.»

Dia Abdoulaye

lundi 23 juillet 2012

Les bouquinistes sur le pont des Arts


Le métier de bouquiniste a débuté aux alentours du XVIe siècle avec des petits marchands colporteurs. Mais sous la pression des libraires, un règlement de 1649 interdit les boutiques portatives et l’étalage des livres sur la voie publique. Les libraires ambulants sont donc, selon la période, chassés puis réintégrés sous agréments.
Le terme « bouquiniste » apparaît dans le dictionnaire de l’académie française en 1789. Cent ans plus tard, des concessions sont mises en place par la ville de Paris autorisant ainsi les vendeurs à s’établir à des points fixes.
Cependant, depuis ces dernières années, le commerce des livres anciens se raréfie et les bouquinistes parisiens ont du mal à joindre les deux bouts. Pour survivre, ils sont obligés de diversifier leur offre en se reconvertissant dans la vente d’objets touristiques. 
 C’est le cas de Pauline, une jeune étudiante qui exerce ce métier     depuis fin mai à quelques encablures du Pont des arts.

 
Au milieu des gravures antiques et des livres rares, l’échoppe de Pauline offre une gamme variée d’objets : porte-clés souvenirs de Paris ou des tours Eiffel miniatures, des statuettes, des cadenas pour amoureux, des sous-verres, des briquets, des tasses, des cendriers, de petits cadres de reproduction de tableaux ou de monuments.  Quant aux bouquins, ils sont de moins en moins vendus en cette période de vacances où les touristes étrangers ne sont pas des locuteurs de la langue de Molière. Par contre, les tours Eiffel et les cadenas sont régulièrement achetés par les usagers de l’axe Louvre-Notre-Dame.
Les clients sont russes, brésiliens, américains, anglais, japonais, indiens, chinois etc. « Les prix qui varient entre 1 et 55 euros sont à la portée de toutes les bourses », explique Pauline avant de préciser que les recettes sont aléatoires et varient en fonction des circonstances : variations climatiques (pluies) et des évènements (tour de France cyclisme).
DIA

vendredi 20 juillet 2012

Syrie : L’étau se resserre sur le régime d’Assad


De violents combats se poursuivent à Damas au lendemain de l’attentat qui a décapité une partie de l’appareil sécuritaire du régime. Al-Assad est apparu ce jeudi à la télévision syrienne d’Etat. Après le nouveau blocage d'une résolution à l'ONU, la mission du médiateur Kofi Annan paraît bel et bien condamnée. Les rebelles se sont emparés de la frontière avec l'Irak.


vendredi 6 juillet 2012

Brakna : Lutte contre l'excision: un long combat


L’excision est une pratique qui a encore de beaux jours devant elle en dépit des multiples campagnes de sensibilisation sur ses méfaits, menées ça et là par des organisations de la société civile et des professionnels de la santé. Au Brakna, comme partout ailleurs en Mauritanie, cette pratique ancestrale est fortement ancrée dans les esprits. Beaucoup de préjugés socioculturels et religieux entourent encore cette coutume à telle enseigne qu’il n’est pas aisé d’évoquer le sujet avec les filles ou femmes (les questions relatives au sexe demeurent taboues). Depuis 2007, l’ONG internationale Tostan, en partenariat avec le MASEF et l’UNICEF, mène un combat inlassable contre cette vieille tradition rétrograde à travers son projet intitulé « Education aux droits humains et promotion de l’abandon des pratiques néfastes telles que l’excision ». Ce programme ambitieux a abouti à la Déclaration de Mbagne (25 mai 2010) où les représentants de 78 communautés issues des cinq mouqata’a du Brakna, ont « pris l’engagement solennel en toute connaissance de cause, d’abandonner la pratique de l’excision et des mariages précoces des filles ». Cet engagement sera-t-il respecté ? Dans tous les cas, pas pour demain si l’on sait la place des traditions dans des sociétés conservatrices comme les nôtres.

Un sondage que nous avons effectué auprès de 48 élèves filles du Lycée de Boghé montre que cette coutume est relativement tolérée dans notre société même si on reconnaît parfois ses aspects négatifs. 64,58% des sondées estiment qu’elle est bonne « car prescrite par l’Islam et conforme aux normes sociales ». Pour la plupart de ces jeunes filles, le clitoris est le symbole de l’impureté et de la perversion. Son ablation préserve la fille  contre les tentations. « Une fille non excisée ne peut pas rester tranquille » estime F.A qui en réalité s’est fait l’écho de l’opinion générale des femmes sur ce sujet. 37,5% des élèves interrogées pensent que l’excision est mauvaise et comporte des effets négatifs tels que l’hémorragie, la frigidité, les difficultés d’accouchement, les risques de transmission des MST (SIDA principalement). Même celles qui estiment que cette pratique est bonne sont conscientes des dangers qu’elle représente pour la santé publique et admettent que les conditions dans lesquelles elle est faite n’obéissent à aucune norme d’hygiène. A la question « accepteriez-vous d’exciser votre fille ? », 64,58% des sondées répondent par « OUI » mais à condition que les règles d’hygiène soient respectées soit par l’exciseuse traditionnelle ou l’infirmière. Pour beaucoup, l’excision doit être pratiquée mais dans de bonnes conditions. Seules 25% des filles sondées, la plupart issues de milieux urbains, ont fait le serment de ne jamais exciser leurs filles !

Les résultats de ce sondage traduisent parfaitement le sentiment général que les femmes éprouvent sur ce sujet. Le micro-trottoir que nous avons fait auprès de quelques femmes confirme davantage cette idée selon laquelle l’excision est une pratique recommandée par notre sainte religion ou admise par la société. Pour Aïssata, « on doit se conformer aux traditions ancestrales et ne pas écouter ceux qui tentent par tous les moyens de nous déraciner ». Quant à Fatimata, sans doute plus « évoluée », toutes les traditions ne sont pas forcément bonnes et parmi celles-ci figure l’excision qui comporte de nombreux risques sur la santé et l’équilibre sexuel de la femme ». Du côté des guides religieux, on semble abonder dans le même sens. Thierno Abdallahi Dia estime que « les organisations qui militent pour l’abandon de l’excision sont des instruments des lobby judéo-chrétiens qui veulent porter atteinte aux règles de l’Islam ». Il admet cependant que si les conditions dans lesquelles l’excision est pratiquée sont mauvaises, il faudrait l’effectuer dans les centres de santé. Cet avis ne fait pas l’unanimité auprès de tous les religieux : Pour M. Sidina O.Mohamed, Président de l’Association des Ulémas du Brakna, « l’excision n’est ni une obligation, ni une recommandation (sunna) mais une "karama" pour les femmes » ajoutant que « même les pratiques légales peuvent être interdites selon les cas dès l’instant où le médecin traitant (peu importe sa confession) juge qu’elles comportent  des risques sanitaires pour le sujet concerné ».

Quant aux exciseuses traditionnelles, elles estiment que cette pratique est un savoir hérité de leurs parents et que toutes leurs interventions sont destinées à répondre à un besoin exprimé par les populations. D. B, qui exerce ce métier depuis une vingtaine d’années a bien voulu répondre à nos questions. Elle reconnaît qu’il y a quelques années, elle faisait ce travail sans tenir compte des normes d’hygiène requises. « Mais depuis qu’on m’a appris que cette pratique peut favoriser la transmission de maladies, je veille sur cet aspect », explique-t-elle. D. B ajoute que l’instrument utilisé est une lame neuve apportée par la cliente elle-même. « Avez-vous été contacté par une association qui milite contre l’excision ? », Non, répond-elle, « jusque-là aucune association n’est venue me parler  de ce sujet ». Pour avoir une idée du revenu que cela lui procure, nous lui avons demandé son gain mensuel. « Cela dépend des périodes ; il m’arrive parfois d’exciser 4 à 5 fillettes par jour à raison de 200 UM plus un savon ». Si l’on sait que cette femme peut gagner plus de 30 000 UM par mois, on est en droit de se demander si elle est prête à abandonner ce métier.
Fatimettou Mint Mohamed, la soixantaine révolue, exciseuse professionnelle, a quant à elle, décidé de jeter les lames et les couteaux pour se reconvertir dans le mouvement associatif féminin où elle est aujourd’hui une pionnière dans la lutte contre les pratiques néfastes grâce à l’action de Tostan. Elle dirige le Rassemblement des coopératives de développement de Bouhdida (18 km au sud d’Aleg). Interrogé au sujet de son ancien métier, elle déclare : « J’ai exercé ce métier durant une quarantaine d’années dans mon terroir natal contre 1 moud de mil (4 kg environ) et un savon par fille. Mieux, à Nouakchott, j’ai pratiqué l’excision à raison de 1000 UM et un savon en plus de nombreux cadeaux qu’on m’offrait (voiles, robes, sacs etc.). Comme vous le constatez, cela me procurait d’importants revenus mais j’ai décidé d’abandonner cette pratique après avoir pris connaissance des conséquences néfastes qu’elle peut engendrer ».

Signalons que dans les centres médicaux, l’excision est proscrite et les professionnels de la santé qui dérogeraient à la règle sont passibles d’amendes et de peines de prison. Il en est de même pour les exciseuses traditionnelles. Mais en dépit de ces garde-fous juridiques, l’éradication de ce phénomène exige un combat de longue haleine qui doit passer obligatoirement par l’information et la sensibilisation. Là, les médias surtout audio et audio-visuels ont un rôle important à jouer car la majorité de la population cible est analphabète. Les organisations de la société civile et les leaders d’opinion (ulémas, imams, chefs de confréries, de tribus, de villages) doivent redoubler d’efforts pour amener les nombreux récalcitrants à abandonner volontairement cette pratique inhumaine et dégradante.

Article 12 de l’ordonnance N° 2005-015 portant protection pénale de l’enfant : « Le fait de porter atteinte ou de tenter de porter atteinte à l’organe génital d’un enfant de sexe féminin par infibulation, insensibilisation ou par tout autre moyen est puni de un à trois ans d’emprisonnement et d’une amende de 120 000 à. 300 000 ouguiyas lorsqu’il en a résulté un préjudice pour celui-ci. La peine est portée à quatre ans d’emprisonnement et à une amende de 160 000 à 300 000 ouguiyas lorsque l’auteur de l’infraction relève du corps médical ou paramédical »

Dia Abdoulaye

La culture du riz en Mauritanie: cas du Brakna

La culture du riz dans la rive droite du fleuve Sénégal remonte aux premières années de l'indépendance mais s'est surtout intensifié après la sécheresse de 1973 qui avait engendré un déficit de la production agricole traditionnelle. Encadrée par l'Etat à travers une société dénommée SONADER(Société nationale industrielle et minière),l'agriculture irriguée composée essentiellement de la culture du riz associée au maraîchage est pratiquée dans les régions de la vallée où les potentialités en eau sont disponibles à cause la proximité du fleuve Sénégal. Elle se subdivise en deux sous-secteurs:les périmètres irrigués villageois de dimensions réduites (46 ha au maximum) tels que Bakaw, Dar El Barka, Wothie, Wabboundé) et les grands périmètres (plus de 500 hectares) tels que la plaine de Mpourié, le casier pilote de Boghé, les périmètres pilote du Gorgol I et II, Foum Gleîta, Maghama I et II. Les paysans qui sont encadrés par la SONADER disposent du Crédit agricole remboursable à hauteur de 12% en fin de campagne. En effet, l'UNCACEM (Union nationale des coopératives agricoles de crédit et d'épargne de Mauritanie)accorde des crédits en nature (fourniture d'intrants, de gas-oil, achat de motopompes etc.). Cependant les paysans de la vallée en général, ceux du Brakna en particulier, sont confrontés au problème de la faiblesse de la production et du remboursement des créances de l'UNCACEM dont les échéances sont jugées très courtes. c'est ainsi qu'au CPB, de nombreux exploitants ont fini par abandonner pour s'adonner à d'autres activités plus lucratives dans les grands centres urbains comme Nouakchott où ils peuvent trouver des emplois dans le gardiennage, le petit commerce, le transport etc. selon des statistiques fournies par le Conseil d'administration du CPB, la production a chuté de moitié en 20 ans d'exploitation. La plupart des exploitants arrivent à peine à obtenir 2 tonnes à l'hectare alors que dans les conditions normales, la production rizicole peut atteindre, selon un cadre du CNRADA, 8 tonnes à l'hectare. Pour tenter de pallier cette situation, l'Etat a décidé de subventionner les intrants agricoles en fonction des superficies emblavées mais avec des résultats timides. En plus du recouvrement des créances, les paysans sont aussi confrontés au problème de la vétusté des ouvrages (motopompes, canaux, digues) dont certains n'ont jamais été réhabilités depuis 1984. L'inauguration des nouvelles installations de la station de pompage de Boghé par le Président de la république lors de sa visite au Brakna le 17 avril dernier a certes permis de résoudre le problème de l'alimentation en eau de la plaine rizicole mais d'autres problèmes subsistent. enfin, il faut signaler aussi qu'en dépit des multiples défis qui les interpellent, les paysans sont minés par des querelles intestines pour le contrôle de la direction du CPB qui regroupe 12 coopératives villageoises. Le bureau élu depuis plus d'une décennie ne semble plus faire l'unanimité. C'est ainsi que les coopératives qui ne lui reconnaissent aucune légitimité ont décidé de créer une structure parallèle reconnue par le ministère du développement rural qui a désormais deux interlocuteurs dans le traitement du dossier du casier. Ces divergences n'ont pas manqué de se répercuter négativement sur la lutte que mènent les exploitants pour la satisfaction de leurs doléances.